Début des années 90. Nuit charbon. Nuages aquarelles. Projection d’étoiles. Une nuit paisible et inquiétante, inquiétude appuyée par cette seule lueur d’une pleine lune carmin semblant absorber toute vie. Les ombres qu’elle projette sur cette forêt de bambous s’allongent aux sols tels de milliers de katanas tombés au combat. Une brise légère, le son des feuilles tentant péniblement de s’extirper de cet enfer. Quelque chose s’est passé ici même. Quelque chose se passe ici même.
Soudain, un éclat. Puis deux. Puis trois. Un envol d’alouettes se disperse. Au milieu de cette apocalypse tranquille, deux Samouraï s’affrontent. Les lames s’entrechoquent, des cannes tombent, agrandissant l’espace de ce duel. Tandis que l’un prend un appui pour s’élancer tête en avant, dos penché et lame le long de la cuisse, l’autre s’apprête à parer. Encore une fois un éclat. Les deux protagonistes sont au contact, séparés par le seul prolongement métallique et froid de leur main, le fer croisé, le regard déterminé, les dents serrées.
La victoire par l’honneur ne suffira pas, et le sang de la lune coulera, inondera cette terre. S’il n’en reste pas un debout avant le soleil levant, alors personne ne le sera.
Brrrrref, tout ça pour dire qu’au crépuscule des années Lambada, Nintendo et Sega s’allouaient à un combat plus que fratricide, pour le plus grand bonheur de nous, clients hauts comme 3 melons Yubari, mais pas aussi riches que ce que ces derniers pourraient nous rapporter.
C’était aussi l’ère des mascottes, presque un passage obligé pour toute marque qui se respecte, que ce soit le crocodile d’amstrad, le petit Bamboula, Groquick, Monsieur Malabar… et donc Mario pour Nintendo et Sonic pour Sega, évidemment.
Je ne vais pas vous faire l’affront d’un historique de ces mascottes, notamment de cette dernière puisque l’on va parler d’elle. Ben ouais, franchement si vous voulez des infos sur Sonic, les internets sont là, bien plus généreux en informations que sur un simple retroboxing d’un gars dont vous ne savez rien. Dont acte.
Et justement tiens, une fois n’est pas coutume on va parler de moi et de mon enfance passionnante, bande de veinards !
J’ai toujours été un fruit qui a poussé sur l’arbre Nintendo, pas vraiment par choix, mais par le biais de hasards, rencontres et de conséquences ; on y reviendra un jour. De fait, je possédais comme console de salon une Nintendo NES. Ce qui ne m’empêchait pas d’aller jouir de la concurrence disponible chez mes copains d’école, pas vraiment à propos de la Master System, mais plutôt de la Megadrive. Et force était de constater que la dernière de Sega en avait dans le ventre.
Le jeu qui convainc mon raisonnement était le tout premier Sonic. Pas étonnant, tandis que ma NES crachait ses poumons dès l’apparition de 3 ennemis à l’écran sur Megaman, la vitesse d’exécution de ce hérisson me laissait pantois. Et si Alex Kidd sur Master System m’avait quant à lui laissé de marbre, cette découverte fut le signe avant-coureur quant au fait qu’à un moment ou à un autre il allait me falloir une console Sega.
« Hors de question d’avoir une seconde console de salon ». Bien entendu, cette conclusion ne venait pas de moi. Alors quoi ? Alors je ravalais ma rancœur, et je jouais et finissais tous les jeux NES que je pouvais. Et puis un jour…
L’annonce de Sonic 2 ; les premières images vinrent à moi, et cette fois, le déclic : Il me le fallait. Par tous les moyens. Peu importe. Alors que faire ? Vendre la NES ? Non, je ne peux pas, si je veux la Super Nintendo, il faudra surement la sacrifier sur l’autel du portefeuille et du « Hors de question d’avoir une seconde console de salon ». Là encore, le hasard aura bien fait les choses…
Car ma sœur, imperméable à ce média, s’est soudain sentie pousser des ailes vidéoludiques en demandant la… LE Game Boy. Eurêka ! J’avais bien lu au détour d’un Console + que le jeu était aussi prévu sur la récente portable de Sega, le… LA Game Gear! Quel génie ce kiki ! Le bilan fut vite vu en accord avec moi-même et mes nombreux amis imaginaires :
« Sonic 2 en version portable, mais comme sur une console de salon ; pour des heures d’amusement à la maison, en voiture, à l’école ! Alors que ma pauvre sœur sera sur son pauvre écran monochrome et monotone, avec des jeux mal fait, pour les bébés !»
Toi, lecteur perdu qui n’a pas encore fermé cette fenêtre, déjà je me demande ce que tu fais encore là à lire de telles futilités, mais surtout, tu le sais bien hein ? Tu le sais que la totalité de ce bilan est, dans les faits, et pour rester polie, UNE ENORME CONNERIE, n’est-il point ?
Succès déverrouillé : Oui j’ai eu la Game Gear. Oui j’ai eu Sonic 2 avec. Oui oui, j’étais content.Ok je sais ce que tu te dis, lecteur : Les 6 piles nécessaires pour jouer 2h ? Oui, mais bon, c’est pas grave. Pas d’adaptateur allume cigare en voiture ? Oui, mais bon, c’est pas grave. Pas le droit d’amener ta console à l’école ? Oui, mais bon, c’est pas grave. C’est moins beau que sur une console de salon ? Oui, mais bon, c’est pas grave. Tu réaliseras plus tard en piquant la… LE Game Boy de ta sœur qu’il y avait aussi de sacrés bons jeux ? Oui, mais bon, c’est pas grave.
Ma tristesse, mon immense désillusion, ma chute, cette gifle du monde réel tiens en 2 mots : SPIN DASH.
Et c’était ça, le déclic dont je parlais plus haut. Si tout faisait que Sonic 2 allait être un foutu bon jeu, ce n’était, pour moi, pas seulement par ses graphismes ou la présence de Tails… c’était la découverte du Spin Dash.
CE PUTAIN DE SPIN DASH QUI N’A PAS ETE INCLUS DANS LA VERSION GAME GEAR.
Alors je vous raconte pas la gueule que j’ai fait quand j’ai ouvert la console, mis des piles, lancé le jeu et comme toute toute TOUTE PREMIERE ACTION appuyé sur « bas » puis la touche « 1 » (ou « 2 », je ne sais plus, de toute façon j’ai même essayé avec « start ») et que RIEN NE SE PASSE. IL EST OU MON SPIN DASH, SALETE DE HERISSON ??? REND MOI MON FRIC NONDIDJU !
Je vous jure que j’ai acheté cette console et ce jeu à 100% pour cette feature. Ils auraient pu faire danser Sonic en tutu sur le dos d’une vache en train de se faire traire par 2 gars avec des Joy Con que je m’en serais foutu, tant que je pouvais faire la grosse bouboule ! Bordel c’est pas trop demandé comme rêve de gosse, non, LA-GROSSE-BOU-BOULE ???
Nous allons d’ailleurs voir que ce ne sont pas les seules différences auxquelles je ne m’attendais pas…
La boite
Gnagnagnagna il n’y a pas d’indication d’un éventuel Spin Dash sur la boite, oui, d’accord, d’aaaccord. Il n’empêche ! Elle est comme un Big Mac dans une publicité qui passerait au mois d’Août, pile entre la météo et le Gendarme de Saint Tropez. Elle vend du rêve.
Le deltaplane justement, parlons-en, puisqu’il est en tête d’affiche de cette opus… et on aurait pu s’en passer. Il est vrai que le point fort de ce Sonic 2 est l’apparition de nouveaux éléments de gameplay, comme le déplacement dans une bulle ou encore de la course en chariot… et donc ce deltaplane, que l’on tachera d’éviter tant le contrôle est insupportable. Pourtant, si la façon de procéder est similaire à un Mario et sa cape dans l’opus Super Nintendo, on ne peut pas dire que l’exécution en est tout aussi exemplaire, loin de là. De quoi avoir des pulsions de décapitation des Barbies de ma sœur.
Rien de particulier sinon ; un décor façon Green Hill, quelques mobs lambda, et, on l’a dit, un dr Robotnik en fond prêt à saisir sa future victime.
Sur l’arrière de la boite je comptais être plus indulgent. Pourquoi ? A cause de la jaquette de son homologue Master System :
Là au moins la vérité éclate: Pas de Tails. Le reste est plus clair : wagonnet, tuyaux et heu… parapente (sic) au lieu de deltaplane, mais bon.
Voici maintenant la version Game Gear :
Mais ne soyons pas trop dur non plus, car au-delà de ces approximation, l’artwork de l’avant est quand même super joli, et l’arrière l’est tout autant avec ce décor filigrané sous les différents textes multilangue, représentant un décor de… Aerial Assault! Oui c’est une particularité un peu étrange des boites Game Gear, quand un décor est présenté à cet emplacement ce n’est pas forcément celui du jeu. Que possède Aerial Assault alors ? Sonic 2 ? Nope, il s’agit de Castle of Illusion. Et que possède donc Castle of Illusion ? Et bien… Castle of Illusion. Vous aussi, amusez-vous chez vous à deviner quel jeu est mélangé à un autre ! Youhou !
Le déballage
Une fois n’est pas coutume, c’est un déballage assez classique que nous avons là. Néanmoins, le souci du détail typique de ce genre de produit des années 90 fait toujours plaisir à voir. On y trouve bien entendu la cartouche de jeu et la notice.
La notice
Ne vous y trompez pas. Malgré l’absence de Tails, de super Sonic, de special stage ou encore du fameux Spin Dash, le jeu vaut le coup d’être fait. Il faut juste avoir conscience qu’il est fondamentalement différent de son faux jumeau sur Mega Drive (sorti peu après cet opus Game Gear, il faut le savoir), et par la même un peu différent de son soi-disant vrai jumeau Master System (ça se joue à quelques détails, mais des détails qui rendent le jeu portable un peu plus dur). Il est plutôt beau, maniable (mis de côté l’enfer du deltaplane) et les musique sans être impérissable font le job.
Finalement, au-delà la frustration personnelle, j’y ai passé d’excellents moments, qui ne furent pas les seuls sur cette machine d’ailleurs… et puis zut si on doit se passer de la bouboule par contrainte matérielle, on l’excusera bien volontiers et… pardon ? On me signale que le Spin Dash a été inclus dans Sonic Chaos sorti l’année d’après !?! MAIS QU’EST-CE QUE C’EST QUE CE FOUTAGE DE &@ù$!*£§ !!!
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